Pierrot est un personnage du XVIéme siècle appartenant à la Commedia dell’arte. Boulanger tantôt poltron, tantôt fanfaron, il est le rival d’Arlequin et est amoureux de Colombine la blanchisseuse. Quand à Polichinelle, il profite de sa naïveté pour l’entraîner dans de sombres histoires. Son costume comprend une veste blanche à gros boutons sur le devant, une fraise, un pantalon flottant et un chapeau avec un flot de rubans. Il ne porte pas de masque et tient son teint blafard de la farine qui lui recouvre le visage.
Le Pierrot français, que l’on doit notamment à Molière dans « Dom Juan », est un paysan plus malicieux. Il est honnête, farceur et parfois gourmand.
Au XVIIIème, Pierrot devient personnage de la pantomime, lunaire, rêveur et un parfois triste, il inspirera d’ailleurs Jean-Louis Barrault dans « Les enfants du Paradis ».
L’histoire de Pierrot et Colombine
1976: Pierrot (Jean-Jacques Debout) chante à « Où es tu ma Colombine? » à sa belle (Chantal Goya)
Pierrot aime Colombine, son amie d’enfance et voisine. Mais Colombine est blanchisseuse et travaille le jour, tandis que Pierrot est boulanger et travaille la nuit. Petit à petit, Colombine se lasse de cet amoureux et de son rythme de vie.
Lorsque Arlequin et sa roulotte arrivent au village, Colombine est prête pour une nouvelle rencontre : entendre des mots nouveaux, vivre autrement, partir même…
C’est ce qu’ils font : Arlequin repeint la façade de Colombine et adjoint une teinturerie à la blanchisserie, et un matin d’été, ils ferment le magasin pour cause de voyage de noces et s’en vont au gré des chemins…
Mais bientôt le rude hiver les saisit. Le quotidien avec Arlequin s’avère tout aussi décevant. Colombine reçoit une lettre de Pierrot qui la supplie de revenir.
Elle rentre et découvre que la nuit, la boulangerie de Pierrot est belle, colorée, chaleureuse…
Pierrot, pour célébrer son retour, confectionne une Colombine géante en brioche.
Dehors une petite voix s’élève, chantant « Au clair de la lune… »
C’est Arlequin qui a faim et froid.
Pierrot, bonne pâte, lui ouvre…………
Cette chanson, aujourd’hui chantée au chevet des enfants date du 18e siècle. Comme de nombreuses comptines, elle a un double sens. Dans « Au clair de la lune », un garçon ne peut plus travailler le soir car il n’y voit plus rien. Il va donc demander à Pierrot s’il a de la lumière, mais celui-ci étant déjà au lit, lui conseille d’aller demander à la voisine. Le sens caché renvoie encore une fois à l’intimité des personnages. La plume, déformation de « lume », lumière, et la chandelle sont deux symboles phalliques. La métaphore du feu évoque la passion et l’ardeur sexuelle. Sans oublier des expressions de l’époque : « On bat le briquet » qui signifie faire l’amour. Et le « Lubin »: un moine perverti. On est loin de la simple comptine en honneur à Pierrot.
En 1971, Les compagnons de la chanson chantent « Au temps de Pierrot et Colombine » sur la symphonie n°40 de Mozart.
Pierrot Gourmand
Georges Evrard naît en 1867 à Paris. Il s’installe comme confiseur à l’âge de 19 ans dans le quartier du Marais, rue Barbette. En 1899, il dépose avec Herbert la marque « Au Pierrot Gourmand ». En 1924, Evrard et Herbert inventent la première sucette: du sucre d’orge parfumé et coloré en forme de fer de lance, sur un bâtonnet de rotin de Madagascar, ce qui permet de savourer la confiserie sans se salir les doigts. La vraie « Pégé », d’après les initiales des inventeurs, est au caramel.
Célèbre pour son présentoir, une tête de Pierrot encore utilisée de nos jours, l’entreprise est aussi l’une des premières à envelopper ses bonbons dans du papier imprimé.
Les années 1950 sont l’âge d’or de Pierrot Gourmand, qui produit chaque année 2 000 tonnes de confiseries. Les sucettes sont proposées dans une multitude de parfums. Le bâton de la sucette est alors en bois.
En 1976, la société doit déposer le bilan face à la grande distribution. L’usine d’Ivry ferme. Le groupe Andros rachète la marque et reprend la production.
En 1982, Chantal Goya triomphe avec son spectacle intitulé « La planète merveilleuse », différentes marques s’associent à l’événement, dont le célèbre confiseur « Pierrot Gourmand » qui distribue des sucettes au jeune public et même à leurs parents. Jean-Jacques Debout décide d’intégrer le sympathique Pierrot à la scène. Il compose et écrit une chanson qu’il intercale ainsi parmi les autres titres. Par la suite, la marque « Pierrot Gourmand » ne souhaitera plus être associé au spectacle. Face à ce petit souci et pour éviter de réécrire une partie du show, la chanson est rebaptisée « Pierrot tout blanc ».
Source:
Les dents de lait
Espace français
La théorie du tout
Osibo
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